L'infernal des Vosges, 10 septembre 2011
Tout avance pour le mieux.
Le jour recule et comme prévu, j'arrive à 21h à la seconde base vie de Rupt à 95kms. Toujours même rituel, chaussettes propres, séchage et crémage de pieds, remplissage poche à eau et casse croûte. Première petite déconvenue, à la sortie de la base vie, les balises en pleine ville ont été un peu chahutées. Je cherche dans plusieurs rues et finalement fais demi-tour jusqu'à la base vie où un organisateur m'accompagne. Aussitôt plusieurs voitures de l'organisation remettent tout en place, belle réactivité. Je repars en pleine forme dans la nuit, mais cela ne va pas durer. C'est à partir d'ici que tout se gatte... Je dois être fait de panneaux solaires car en quelques dizaines de minutes dans l'obscurité, je sens un profond sommeil m'envahir. Je lutte farouchement, mais mes yeux fixés au sol dans le halo de la frontale se troublent constamment et les paupières pèsent des tonnes. Je n'en reviens pas d'avoir quitté la base vie et la ville en pleine forme, et me retrouver complètement endormi à peine quelques centaines de mètres plus loin dans l'obscurité. Après quelques dizaines de minutes de lutte, je m'arrête sur le bord du chemin et m'allonge non sans avoir mis mon réveil dans 15 minutes. Je m'endors de suite et le réveil me rappelle sans avoir vu passer les 15 minutes. Je repars un peu plus frais pour quelques minutes... la nuit va être longue... Heureusement, je fais la rencontre d'un coureur belge qui se trouve dans la même situation que moi. Nous faisons chemin ensemble en conversant. Tous les sujets possibles y passent ! Le principal étant de parler pour ne pas dormir ! Après quelques passages à vide et toujours un profond sommeil, nous faisons à nouveau une halte de 15mn pour un rapide somme au pied d'un arbre. 3h du matin et le ravitaillement de La Croisette arrive enfin. Dingue ! Seulement 12kms en 6h !!!! Heureusement qu'on avait de l'avance sur la barrière horaire... Après une rapide discussion avec les 2 bénévoles qui tiennent courageusement ce stand en pleine nuit, nous en profitons pour faire à nouveau une rapide sieste de 15mn à l'arrière de la tente. Et c'est reparti, toujours dans la nuit et le sommeil. Les 12 kms suivants vont être tout autant difficiles. A partir de ce moment là, les coureurs du 72km partis à 3h vont commencer à nous dépasser. On voit passer et applaudit le premier à toute vitesse. Puis le groupe de poursuivants des 2 et 3. Nous ne sommes plus seuls ! 8h, le jour se lève et nous arrivons enfin tous les 2 à la dernière base vie de Girmont à 120kms. Mes panneaux solaires reprennent vie et je retrouve une seconde jeunesse, le soleil me réveille et je suis en pleine forme. j'abandonne mon partenaire de la nuit à la base vie et repars à toute enjambée. 24km en 11h, il va falloir rattraper ça ! 11h30, j'arrive à la Demoiselle et retrouve la famille. Mes parents et mon frère. Ils m'accompagnent jusqu'au ravitaillement. J'y retrouve également mon petit groupe de supporters qui sont fidèle au poste, trop sympa de me suivre !
A partir de ce ravitaillement, je vais même avoir la compagnie de mon frère qui finira avec moi. Il reste 22km : 10km jusqu'au dernier ravitaillement, puis 12kms jusqu'à l'arrivée. Nous ferons les premiers 10kms en marche rapide en parlant. Merci frangin, c'était top ! il faut que tu te mettes au trail ! 13h40, dernier ravitaillement. Il reste 12kms. On prend le pari de finir pour 15h, c'est parti, on lâche la caravane et on court tout ce qu'on peut ! On double les coureurs du 72 qui terminent en marchant et nous applaudissent... on se prendrait presque pour un champion qui vise le podium. Ca force à ne pas lâcher !
15h02, Saint Nabord !!! (zut, 2mn de trop !) Après 39h de course. Ouah, quel finish ! 36km en 6h... alors que je me suis trainé toute la nuit sur 24kms en 11h ! Mais tout finit pour le mieux. On est accueilli en héros par les parents aux anges. Et voilà un magnifique trail de bouclé.